Fabrice Soulé, consultant du groupe JLO, spécialisé dans le handicap et la santé au travail dans les entreprises, est intervenu pour donner des conseils sur l’accompagnement des personnes en situation de handicap, en centre de formation et en entreprise.


REMPLACER LA CONCEPTION DU "HANDICAPÉ PAR" PAR CELLE DU "HANDICAPÉ POUR" À rebours de l’approche habituelle par la pathologie, Fabrice Soulé invite à appréhender le handicap par ce qu’il empêche : cela revient à remplacer le « handicapé par » par le « handicapé pour…». On identifie alors les situations dans lesquelles la personne est gênée : dans son apprentissage, sur son poste de travail… Ces situations (temporaires ou non) peuvent recouvrir un spectre plus large que le simple diagnostic du handicap du point de vue médical.


IDENTIFIER LES SITUATIONS HANDICAPANTES Dans cette conception, le handicap ne se résume pas aux stéréotypes habituels et se définit par la présence de situations handicapantes : "je suis handicapé lorsque je suis face à une situation handicapante". Il s’agit alors de travailler sur les compensations possibles pour réduire ou éviter ces situations handicapantes, que ce soit en formation ou en entreprise. L’objectif final, pour l’accompagnant, étant de faire en sorte "que la personne soit le moins possible" face à ces situations.

APPRÉHENDER LA NOTION DE DEUIL Pour l’accompagnant, il est important d’identifier la situation dans laquelle se trouve la personne vis-à-vis de son processus de deuil lié au handicap. A-t-elle intégré ses nouvelles capacités/incapacités (temporaires ou permanentes) liées au handicap ? A-t-elle accepté les différentes situations qui devront être adaptées ? Celles qui ne seront plus possibles ?
L’âge de la vie (la survenue du handicap à la naissance, à l’adolescence, à l’âge adulte, en vieillissant…) et le contexte dans lequel apparaît le handicap influent sur ce processus de deuil.
C’est un sujet sensible qui doit donc être travaillé progressivement, avec la personne, en amont de l’analyse des situations handicapantes et de la mise en place de compensation.

PRENDRE LE TEMPS NÉCESSAIRE POUR L’ACCOMPAGNEMENT L’ensemble de ce travail préalable d’accompagnement favorisera la compatibilité du handicap avec le poste. C’est le cas pour la majeure partie des embauches de travailleurs handicapés (80 %) qui se font sans aménagement de poste. Cela signifie que le poste ne présente pas, en soi, de situations handicapantes pour la personne recrutée en formation ou en entreprise.

ADOPTER UNE POSTURE PROFESSIONNELLE Pour Fabrice Soulé, le professionnel accompagnant doit trouver sa juste place : observer, être bienveillant sans pour autant se mettre "à la place de", ne pas chercher à tout expliquer. Avant tout, il doit connaître ses limites et accepter de ne pas tout savoir.